2002 SHARKS … HAUT DE GAMME …
Intemporel, doué d’une classe de tous les instants, Sharks est un album dont on ne se lasse pas. Affranchie de toute lacune mélodique, gorgée de guitares inspirées, cette expédition en eaux profondes se révèle, à chaque nouvelle écoute, encore plus intense qu’à la précédente. Plus bluesy que hard par certains côtés, dépouillé de cette grandiloquence gratuite dont certains se fardent à outrance, ce disque remet à lui seul les pendules à l’heure d’un rock qui, sans avoir besoin d’artifice pour exister, nous démontre une nouvelle fois le talent indiscutable d’un Michael Schenker lumineux, prolixe en son art. Cependant, si son guitariste s’avère un grand faiseur de prouesses, l’objet volant n’est rien sans son porte-parole Phil Mogg, dont la voix plus ardente que démonstrative nous prouve avec maîtrise ce que feeling veut dire.
Alors que l’existence du groupe semblait avoir été mise en péril par la sortie consécutive d’albums live, ce Sharks rassure par sa détermination, sa constance de prédateur sûr de lui. Fendant le silence sur le type d’accords ayant fait la renommé de l’extraterrestre, Outlaw Man annonce parfaitement la couleur de ce qui va suivre, mais sans en dessiner les véritables contours. Car cette suite est de tout premier ordre, voir haut de gamme pour celui qui aime les mélanges de styles. Articulées entre effets de puissance et soudaines accalmies, plusieurs dimensions musicales se donnent le mot pour nous emporter sur les traces d’un hard rock pimenté sauce blues, boogie ou country. Disons le encore une fois, pas vraiment de sonorités inattendues, mais un album avec une vraie identité, qui se donne à corps perdu pour notre plus grand plaisir.
Porté par des constructions rythmiques incendiaires, même par temps calme, cette nouvelle plongée en espace mélodique mérite que l’on s’attarde sur son écoute. En nous proposant un rock à modulations variables, tout en se jouant des habitudes du moment, UFO révise peut-être son passé, mais en le faisant avec une telle vérité, une telle variété dans les compositions, qu’au terme de quelques écoutes, l‘album s’avère une évidence, presque une découverte. Considéré à tort comme une espèce en voie de disparition, l’insolite phénomène se hisse une nouvelle fois au dessus des stéréotypes, jusqu’à se permettre de redorer le blason d’un genre musical dont l’étendard commençait à perdre de sa superbe. It’s a long way to the top…
Starchild 08/11/2006 avis: |