1990 SHAKE YOUR MONEY MAKER … ONLY BLUES…
Patience et longueur de temps font plus que force ni que rage. Voilà une maxime qui, si on la resitue dans le contexte musical des années 80, sied parfaitement à un groupe qui su attendre son heure pour atteindre la notoriété. Formé en 1984 à l’initiative des frères Robinson, The Black Crowes est un pur groupe de hard blues dont les influences prennent source autant auprès des grands maîtres du Delta Blues que de Led Zeppelin. Survivants à la vague FM des années 80, c’est en fait six ans après sa création que la compagnie des corbeaux sort son premier album. Pour le coup, celui-ci est une réussite de tous les instants, un concentré de feeling verni de guitares et de quelques passages de piano inspirés.
Habilement mis en lumière par une production sans faille, toutes les compositions sont d’une efficacité rare, d’une vitalité incontestable. Jeté en pâture, Twice As Hard donne immédiatement le ton d’un périple en pays confédéré qui, loin de baisser sa garde, nous emporte sur les traces de l’Allman Brothers Band et d’un Otis Redding multi vitaminé. Sans jamais se perdre, rafale sudiste ou atmosphère épicée, l’album tutoie l’indispensable et se joue de tous les obstacles avec brio. Exemples types d’une réussite, parmi d’autres, Jealous Again, tout comme Seeing Things transpirent d’une classe qui, bien au-delà de leur superbe, entraîna le groupe au firmament des valeurs sûres.
Pas de faiblesse dans ce disque, juste une envie folle d’approcher l’excellence et d’habiller de contrastes un environnement rock qui commençait à se perdre sous un voile de strass. Enchaînement de hits, tous plus épidermiques les uns que les autres, Shake Your Money Maker est, avant tout, une éclaircie vitale dans la mémoire du sud. Guitare inflexible ou farouche, basse à ondulations variables, si après une seule écoute, force est de constater qu’aucun déchet ne semble pouvoir altérer ce disque, c’est parce qu’à bien des égards, on est confronté à un disque mature qui, au-delà de nous emporter dans son sillage, nous parle d’inspiration et d’esprit d’aventure.
Starchild 15/10/2006 avis: |