1990 SAHARA … FERTILE …
Mélange d’étrangeté et de familiarité, comme une mer de dunes en constante mutation, certains groupes ne lassent jamais. House Of Lords est de ceux là. De ceux qui savent faire d’une orgie mélodique un trait d’union entre passé et présent, tandis que leurs ombres glissent sur le velours. Ambitieux jardin des délices à la Jérôme Bosch, Sahara est le second album de la Chambre des Lords. Tout comme dans le tableau du peintre, la démarche du groupe est de faire cohabiter une vision du paradis terrestre dans laquelle, harmonie, étrange et agressivité se fondent dans un balai vital. Séquences fantastiques, arrangements subtils, si l’abondance et la créativité se jouent des tours d’un épisode à l’autre de cette nouvelle expérience musicale, gageons que la récolte en fruits défendus se transforme en autant de surprises.
Annoncé par un glissement de terrain synthétique, bien décidé à surprendre l’éphémère, c’est par un mid-tempo rayonnant de violence tranquille que débutent les hostilités. Comme un paysage FM qui serait la proie des flammes, Shoot révèle la vraie nature d’un album qui, dès sa première offensive, nous associe à une duplicité de climats. Mise en scène réussie, ce premier acte s’efface pour laisser place à un mouvement de sable plus catchy, mais tout autant réussit. Dans ce Sahara, les guitares se dressent parfois comme si les rêves pouvaient être plus longs que la nuit. Luxe acoustique ou transe mutante, de bouquet de blues en éclipse électrique, House Of Lords transforme le silence en lieu de culte. Monde agité d’instants de révolte, arpenté par la voix impériale de James Christian, ce désert est bien une terre de contrastes, un organisme vivant, dans lequel se disputent couleurs violentes et inspiration. Claviers d’abondance sur un Sahara au cœur fertile, guitare à fleur de sens là où l’amour n’existe pas, ce disque brasse un vent de sacrifice dont les atours progressifs devraient séduire tout aventurier en guète d’intenses écarts de températures.
Comme des corps qui s’étreignent, se repoussent, se subissent par assauts répétés, la musique à parfois des accords sensuels et barbares. Agréablement hostile pour l’auditeur recherchant un milieu à variations sauvages, ce second chapitre de l’histoire des Lords rayonne par sa constance mélodique. Vous reprendrez bien encore un peu de désert ?
Starchild 19/10/2006 avis: |