1989 PUMP ... QUINTE FLUSH ...

Deux ans après avoir joué les vacataires inspirés, c’est un Aerosmith en manque d’aventures électriques qui pose son train d’atterrissage à Vancouver. Libéré de ses vieux démons, le groupe de Boston, plus décidé que jamais à en découdre avec la jeune garde, entre en studio sous la houlette de Bob Rock. Revenu à une créativité libérée de toute convalescence, faisant preuve d’une santé musicale insolente, les Dupont Volants jouent avec leur passé, s’amusent à s’auto parodier, tout en nous offrant un album dans lequel raffinement électrique et violence féconde font plus que remue-ménage.

Alors que l’on aurait tendance à l’oublier, bien que s’étant construit autour d’un couple explosif, l’Aero est avant tout une quinte douée d’un centre nerveux des plus efficaces. Section rythmique au groove aventureux, si Hamilton et consort ne se pressent pas au premier plan, c’est surtout pour mieux se concentrer sur leur sujet de prédilection, l’effet de serre à imprévus multiples. Et pour ce qui est des imprévus, ce disque gonflé à bloc en est truffé. Pas une seconde d’inattention, mais un luxe de savoir faire au service de titres souvent plus métissés que l’on pourrait le croire.

Affichant sa superbe à chaque morceau, Pump est une revue d’effectif de ce que le hard rock peut produire de meilleur. Ici, chaque titre bénéficie d’attentions toutes particulières, tant au niveau de l’habillage que des thèmes abordés, le plus souvent avec humour. Transportés par un ascenseur à moteurs sensuels ou jetés en pâture à un délire polymorphe, on est très vite séduit par des compositions plus retour aux sources que revanchardes. Compositions par lesquelles se rappelle également à notre meilleur souvenir, un des duos référence de l’histoire du rock : Steven Tyler et Joe Perry. Revenus de tous les enfers, si les frères siamois semblent savourer chaque instant de ce disque, c’est bien parce que celui-ci est une source de plaisirs intenses frisant la perfection.

Embrasés par des guitares en mode overdrive ou slide que l’on croyait à jamais disparu, F.I.N.E., Going Down et The Other Side propulsent la performance à l’état de grâce, avec toujours ce petit quelque chose, cet arrangement subtil qui forge les grand album. On l’aura vite comprit, pas de déchet à mettre au passif de ce disque peuplé de délires maîtrisés, d’histoires de vaudou cajun et autres regards sur les années 80. Juste du grand art, de l’inventivité et un jeu de couleurs musicales allant du fun aux ténèbres. Les années ont passé, mais encore une fois, Aerosmith nous bluffe par sa faculté de remettre un peu d’ordre dans le paysage. En général, les connaisseurs appellent ça, la classe.

Starchild  24/11/2006    avis: